Baptisé « Premier Sens », le cahier de tendances de la saison Printemps-Été 2024 donne une lecture d’un monde nouveau, vierge des vies passées.

Construite à partir de l’analyse de signaux émergents détectés dans les champs créatifs, économiques et sociétaux, cette nouvelle proposition consacre le retour du mix and match : sous la pression des réseaux sociaux, la mode se construit par assemblage affinitaire à partir d’un dressing très hétéroclite. Fini les repères univoques : le style n'impose plus ses règles et la couleur s’exprime par grands univers au sein desquels chacun trouve son inspiration. Les matières se chargent alors d’apporter les aspects vieillis, métalliques, laqués ou matelassés qui feront la différence. Un nouveau monde organisé en quatre grands thèmes à (re)découvrir avec nos sens.

• Assourdir. Cette thématique traduit la difficulté éprouvée face au flux incessant – assourdissant – des informations qui nous assaillent, « rendant nos pensées impossibles [...] ». Elle s’exprime dans un environnement créatif majoritairement digital, plutôt séduisant, ondoyant voire transparent. On y trouve des matières qui peuvent être brillantes ou encore matelassées, protectrices, assemblées de façon répétitive, comme une onde qui viendrait amortir le son du monde extérieur : « Au départ, la vie est un son. Une vague. Une ondulation. Plus tard, elle est une danse. »

• Effleurer. On renoue ici avec l’univers du toucher, pour « briser le mur entre nous et l’extérieur ». En réaction à nos « paniers numériques » virtuels, ce thème fait la part belle aux matières qui se révèlent et prennent du sens sous la main : des fibres naturelles, des textiles patinés, vieillis, des cuirs, du coton, du chanvre ou du lin.... La gamme colorielle est concentrée sur des tonalités proches des éléments naturels : le brun et l’ocre terreux, le gris de la pierre, le noir du carbone, les bleus du ciel, de la mer ou l’incandescent de la braise.

• Entrevoir. « Il est temps d’ouvrir les yeux... » Ce thème consacre un sens fondamental dans l’univers de la mode. La vue parle aussi de ce narcissisme universel qui guide nos choix vestimentaires et oriente la façon dont nous voulons être vus. « Notre époque le crie sur tous les toits, sur tous les réseaux : regardez-moi, dîtes moi que j’existe ! » Ce thème parle aussi de ces systèmes d’appartenance collectif qui nous poussent à copier, à opérer par mimétisme. Les vêtements doivent se voir et donner envie : place à la brillance, aux matières qui chatoient, aux couleurs vives et acidulées, sans masque...

• Engloutir. Cet univers créatif exprime notre soif d’humanité, notre désir d’embrasser le monde. « Et chaque chose, chaque être, chaque paysage que j’aurai englouti modifiera un peu ma vision du monde. [...] Goûter le monde, c’est accepter de s’enrichir. » C’est aussi une façon d’entrer dans le concret mais de façon douce, en convoquant des tonalités apaisées, naturelles – empruntés à l’univers du goût (digital ginger, sweet vegetable...) – capables d’exprimer des contrastes forts dans les choix créatifs.

L’ensemble de ces thèmes sera mis en scène au sein du Forum des Tendances. Les visiteurs pourront y découvrir les échantillons de matières et de produits finis sélectionnés par les directeurs artistiques du salon pour illustrer chacun de ces univers créatifs.

Le trendbook Premier Sens est téléchargeable ici