Noma, pour Nowak et Markowicz, Ewa et Jaroslaw de leurs prénoms.
Deux artistes polonais, passionnés de design, mais aussi de technologies et de matériaux. Des artistes de la nouvelle génération, transversaux et touche-à-tout. Une génération où le beau n’est jamais dénué de sens et pour qui l’esthétique est un engagement politique. A l’image d’Incognito : plus que des bijoux faciaux, un véritable apparat futuriste, beau en soi. Mais un pied-de-nez à l’érosion de nos libertés que nous acceptons au nom de la sécurité.
Ici, les plaques de laiton empêchent la reconnaissance faciale des caméras en faisant volontairement bugger les algorithmes des espaces publics. Et il ne faut pas y voir une serendipité, non, Ewa et Jaroslaw ont étudié la taille, l’emplacement et les matériaux les plus appropriés pour contourner cette surveillance. Une expérience testée d’abord avec succès sur le DeepFace de Facebook.
Les deux Polonais remettent l’artiste où il doit se trouver : non pas derrière une coupe de champagne en galerie, mais sur les barricades esthétiques des révolutions à venir. Et plus profondément, ils se font l’écho d’un cri discret, mais dont l’ampleur s’affirme chaque jour : le besoin d’anonymat.
Alors que la célébrité est devenu un objectif en soi, que la technologie permet à chacun de trouver une importance dénuée de talents, l’anonymat représente la dernière des libertés. La plus fondamentale certainement.
Les plus grands artistes de ce siècle l’ont compris et se cachent derrière un masque (Daft Punk) ou restent inconnu (Banksy). Demain, la célébrité sera l’apanage de la vulgarité. Et le Studio Noma nous donne les armes.